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El mag lob
18 avril 2011

Avatar ou le cinéma bling-bling à 460 000 000 kourax

 avatar_cameron_aff_final

 

Force est de reconnaître que je n'étais pas franchement convaincu avant de voir Avatar le film de James Cameron sorti en 2010. Je me souviens avoir lu et entendu plusieurs fois l'expression "Pocahontas au pays des Schtroumpfs" avant de le voir, essayant de me convaincre qu'il ne s'agissait là que d'une punch-line pour Avatar-sceptique en mal de reconnaissance. Je suis venu, jai vu, j'ai été déçu. Réaffirmer le schéma le plus classique possible du cinéma de divertissement et l'habiller d'un superbe costume en images de synthèse et en 3D, c'est ça Avatar. Très vite on se pose des questions que la contemplation devait nous faire oublier et on se rend compte de la fadeur du scénario et du manque cruel d'originalité et de maturité du film. Il s'agit ici d'une beauté visuelle et sensible, un film qui marche entièrement à l'affect pour évincer l'intellect. La campagne de pub grand standing, les effets spéciaux superbes du film et tant flattés sont une façade, Avatar c'est un film bling-bling, du faste en strass et paillettes 3d, un cache-misère grand luxe.

 

avatar_148

« Pour moi, c'était qu'un film de fin de carrière mais toi qui est si jeune. »


Commençons par les personnages qui constituent selon moi l'un des constats les plus affligeants de l’œuvre de James Cameron. Un héros militaire en fauteuil roulant qui se fait en permanence ridiculisé sur son handicap par ses frères d'armes est le frère jumeau d'un scientifique mort duquel il pourra reprendre l'avatar. Cet handicap lui attirant d'emblée la pitié et donc la sympathie du spectateur en fait par défaut un gentil parmi les méchants, le décor est planté dés les premières secondes (et même avant dans les bande annonces ou publicités pour le film) on a affaire à un univers manichéen simpliste au possible. Son chef, une sorte de mauvaise parodie du sergent chef de Full Metal Jacket avec en prime trois cicatrices en travers de la trogne ne cesse de crier, et si à sa tête de bad guy on avait pas encore compris qu'il était le grand méchant du film il nous le rappelle automatiquement en annonçant dés sa première séquence qu'il ne pourra pas garder en vie tous les marines. Un gentil qui défend son pays au péril de sa vie et s'en trouve handicapé, un méchant qui ne tient pas à garder ses hommes en vie, autant dire que question scénario on a déjà plus beaucoup de surprises à attendre. Sans parler de la chef scientifique, interprétée par une fade Sigourney Weaver (interprète de Ripley dans les films Alien dont Cameron a réalisé le second volet) en fin de carrière, écolo et bien pensante qui sera le sacrifice de la bataille finale (qui a dit Jesus?). Il y a aussi la petite amie Na'vi de notre héros, qui d'emblée le désigne comme un prophète au cœur pur... Les personnages sont ainsi, dés leur première apparition ou même avant stigmatisés, classés dans la catégorie méchant ou gentil. Les méchants c'est l'armée humaine venue coloniser Pandora à coups de massacres et déforestation à l'arme lourde pour en épuiser les ressources naturelles (comme ils l'ont déjà fait sur Terre ces vilains !). Accompagné d'une morale bien-pensante pleine de bon sentiments, de notions d'amitié, de fraternité, de respect de la nature, le scénario ne donne aucune surprise, une bande-annonce suffit à nous le livrer si l'on a déjà vu dans sa vie un blockbuster hollywoodien des années 90. En bref, derrière des effets spéciaux révolutionnaires (et surtout bling-bling), derrière des ornements merveilleux se cache au final une réaffirmation des codes classiques du cinéma hollywoodien en activités depuis près d'une cinquantaine d'année.


quaritch09

I'm bad, I'm bad, I'm really really bad


De nombreux éléments du film rappellent immanquablement les jeux vidéo. Ainsi, les marines semblent tout droit sortis de Halo, les Na'vi ressemblent beaucoup aux Zoras de The Legend of Zelda et le bestiaire de Pandora nous rappellera d'innombrables monstres de Final Fantasy ou autres RPG. L'univers de Pandora entièrement en image de synthèse est un univers qui semble appartenir à l'univers numérique, ce qui est de plus souligné par la connectique capillaire dont sont dotés les Na'vi pour interagir avec divers éléments naturels de leur planète ou les racines des arbres qui sont une sorte de réseau informatique surpuissant. Notre héros le dit plusieurs fois, il semble être dans un rêve et le nom même de l'être qu'il contrôle, « avatar » rappelle l'avatar que prend un joueur dans un jeu en ligne. Notre héros perd peu à peu pied dans la réalité car il est trop souvent dans cet univers, c'est un geek qui fuit la réalité et vit par procuration dans un monde imaginaire, numérique, purement visuel. Et c'est sans doute par ce biais que peut être comprise l’œuvre de Cameron, les personnages en images de synthèse viennent faire irruption auprès du spectateur par l'utilisation de la 3D comme notre héros fait irruption dans cet univers numérique. Ainsi, ce rêve, ce monde virtuel présente des personnages (les Na'vi) en rien réalistes, qui ont quelque chose du personnages de cartoon, qui sont clairement bons, gentils (à l'image de personnages de dessin animés comme par exemple le Pocahontas de Disney). Ce que raconte Avatar c'est l'aventure contemporaine de l'omniprésence du numérique dans notre quotidien, l'exploration par l'homme d'un monde fictif dans lequel il peut se perdre, à cause duquel il peut perdre pied dans le réel.

avatar_movie_image_james_cameron_sam_worthington_01

Le Grand Bleu 2 ?

 

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